Pendant des années, j’ai eu honte de celle que j’appelais mon « intellectuelle dégénérée ».
Cette part de moi qui - entre autres - voue un véritable culte au kitsch et au trash. Qui érige le pur mauvais goût en œuvre d’art. Et qui adore en combiner les codes avec ceux de créations « intellectuellement légitimes ».
J’aime le gangsta rap bien bling. Celui qui mixe gros billets, ongles longs flashy et chaînes en or massif. Celui qui ne se donne même pas le prétexte d’être engagé ou dénonciateur pour exister.
J’aime la pop music tellement superficielle qu’il semble impossible de lui prêter une quelconque ambition intellectuelle. Et qui pourtant - si on accepte de dépasser cette apparente vacuité absolue - exprime quelque chose d’extrêmement profond.
J’aime les vestes aux imprimés douteux, dont on ne sait dire s’ils sont beaux ou hideux, mais qui produisent sur la rétine un coup de fouet quasi électrique. Entre la meurtrissure visuelle et l’excitation.
Mon « Intellectuelle dégénérée » ADORE questionner et transcender les frontières du bon et du mauvais goût.
Car elle sait qu’il s’agit d’une norme. D’une construction sociale. Qui est légitime tant que vous lui accordez du crédit.
Votre Génie ne souhaite pas créer un monde qui soit beau ou laid selon des considérations extérieures.
Votre Génie suit ses propres goûts. Sa propre esthétique. Celle qui vous apporte jouissance et transcendance.
Ce qui importe n’est pas que vous soyez correct par rapport à un référentiel extérieur, qui tracerait la ligne de partage entre le bon et le mauvais goût.
Ce qui importe... C’est que votre Œuvre « soit moche comme vous aimez ».
Quel "Mauvais Goût" adorez-vous ? Pourquoi ?
(Photo : Tine Borms-Guéneau)

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