Enfant, entre deux projets professionnels conventionnels - devenir styliste ou toiletteuse pour chien - je gardais caché un désir qui me semblait totalement inavouable : celui de devenir « Sainte Martyr ».
Je n’emmenais pas mes Barbies qu’au Bal. Je les drapais d’une toge blanche faite d’un mouchoir en papier et je les descendais dans l’arène aux Lions rejouer l’histoire de Sainte Blandine.
J’étais, à 8 ans, déjà fascinée par le mystique, la douleur et la mort.
Et de cela, je crevais de honte. Je me pensais sacrément déséquilibrée pour jouir de donner mes Barbies à dévorer aux Lions.
Les bonnes petites filles, c’est bien connu, les emmènent danser au château.
Si ces 5 dernières années, je suis allée comprendre et aimer ma fascination pour ces thématiques socialement transgressives, ma symbolique du Martyr ne m’est apparue que récemment.
Le Martyr n’est pas ce Fou pathétique et ridicule qui se sacrifie pour une idée radicale.
Le Martyr est celui qui a transmuté sa structure de souffrance, celui qui a traversé son Enfer et l’a vidé de son contenu, pour connaître l’Extase.
Quand, aujourd’hui, du haut de mes quasi 40 ans, je regarde mon Œuvre, je me dis que, sans en avoir conscience, j’ai finalement réalisé cet improbable projet professionnel.
Que tout est déjà là depuis l’enfance.
Et que la vie est décidément remplie d’humour.
Quel Symbole disruptif gardez-vous caché dans votre Ombre par peur de passer pour un Monstre ou pour un Fou ?
(Photo : Tine Borms-Guéneau)
Comments